Présentation

Après une petite mise en bouche dans les vosges et avant de s'attaquer au raid 100kms Les Ménuires-Val Thorens, je décide de caler le Tour du Mont Blanc sur 3 jours, histoire de faire littéralement du "mountain bike".
En juillet, j'ai eu un aperçu du vélo en "haute" montagne et ma foi ça m'avait bien plu, d'autant plus que le sommet du Mont Blanc était visible (presque accessible).
Alors pourquoi ne pas éprouver le matériel et le bonhomme au toit de l'europe ?
Le Tour du Mont Blanc est un classique pédestre, autant y poser mes pneus cramponnés.
Et puis je n'ai jamais roulé en suisse ni en italie...

160 kms pour 6800m de D+
Découpage en 3 étapes (merci Luc) :
J1 Chamonix Courmayeur 70 kms 2800m D+
J2 Courmayeur Champex 47,6 kms 1835m D+
J3 Champex Chamonix 44,8 kms 1700m D+

Pour le matériel utilisé, ce sera le même que pour la traversée des vosges (tente & matelas exeptés)
Pour le logement, vu l'altitude et le challenge physique j'ai choisi de dormir en gîte d'étape (fort nombreux) histoire de m'affranchir de la tente et des soucis de nourriture. En me frottant à la "haute" montagne, je m'attendais à de beaux panoramas mais aussi des sentiers inroulables et une météo capricieuse (j'avais visé juste...).

Diaporama Tour du Mont Blanc

Jour 1 Chamonix - Courmayeur 70 kms

Lundi 16/08/2010

6745 kcal consommées au cardio au roulage !
70 kms 56,6 km/h Vmax 7,5 km/h Vmoy
8h26 roulage 56' arrêt

Levé à 6h15 où j'essaye de me faire le plus discret car mes voisins de chambrée sont une famille avec 3 enfants...
Je replie mon duvet et mon sac dans le couloir. Petit déjeuné avec 2 frères traileurs qui partent aussi pour 4 à 5 jours sur le TMB.
7h10 décollage sous la pluie, en route une voiture me double en klaxonnant, ce sont les traileurs qui partiront des houches.
9h30, j'arrive au col de Josa après une longue piste de 4x4 qui remonte droit dans la pente sur les pistes de ski.
josa
Redescente de l'autre côté, remontée de la vallée puis j'attaque l'ascension du col du bonhomme.
Le ciel est toujours bouché et la pente aussi raide... Je rattrape pas mal de marcheurs qui me prennent pour un extra terrestre.
Vers 2200m, la boue et la pluie se transforment en grezil puis en neige.
J'ai compris la notion d'isotherme à 2200m = seuil à partir duquel la flotte se transforme en neige. Je progresse en conpagnie de 2 marcheurs qui m'encouragent bien.
bonhomme
En portant le vélo, je progresse pas trop mal (merci l'entrainement sur les 25 bosses), mais la position "en l'air" des mains fait que j'ai les doigts gelés. Petite pause barre d'amande au col du bonhomme, j'enfile le coupe vent ML.
neige
Il neige de plus en plus, je suis en short et petite tenue de cycliste...
Ca forge le caractère ! Il n'y aura pas de photos car j'ai du mal à défaire les sangles pectorale et ventrale de mon sac à dos, alors ouvrir le sac et manipuler l'APN...

Un peu réchauffé je reprends la progression dans la tempête en naviguant au GPS et aux traces de pas dans la neige... ambiance "sanglier" garantie.
Mais la montagne n'est pas une balade touristique et elle est exigeante, heureusement que je ne suis pas pris au dépouvu !
Vers 12h30 j'atteinds le refuge de la croix du bonhomme dans 5 à 10 cm de neige fraiche.
Même si la trace est en balcon, il est impossible de rouler car d'une la neige glisse et de deux elle bloque ma roue ar en s'accumulant dans le cadre.
Je suis frigorifié en rentrant dans le refuge, les randonneurs sont ahuries de voir un "biker" débarquer dans la tempête. Le poil à bois est une bénédiction, j'y mets à "sécher" mes hauts (soit un maillot MC, les manchettes, mes gants, le gilet coupe vent et la veste en gamex), enfile mon Tshirt et ma veste secs et tente de me réchauffer...
Mes doigts brulent et je tremblotte, ça ne rassure pas trop l'entourage de randonneurs. Une fois un peu moins tremblottant, je fais chauffer mon plat de quinoa que j'englouttirai avec délectation, et je m'enfille la moitié de mon paquet d'abricots secs aussi que quelques pâtes de fruits.
Parfois, le super luxe est un toit, un peu de chaleur et des vêtements secs.
Au bout d'une heure, je me suis refait la cerise et je renfile ma tenue et ressort affronter le vent et la neige.
Il me faut absoluement marcher pour maintenir mon corps à température et il me reste encore un second col à 2500 avant de redescendre en italie.
La re-descente sur les Chapieux est laborieuse car inroulable. De plus, sous les 2200m, je retrouve la boue... Je roulotte un peu dans les tobogans de boue (dur de se refaire à la glisse), le matos souffre comme le bonhomme.
Arrivée aux Chapieux, j'emprunte la route qui remonte jusqu'à la ville des glaciers puis au pieds du col de la Seigne (frontière avec l'italie).
La route m'a permis de me réchauffer et ce versant du col n'a "que" du grezile...
Je cotoie quelques marmottes curieuses à la fourrure aussi détrempée que moi. Encore un bon portage et enfin le col et l'italie.
Par contre l'autre versant est battu par le vent.
Je suis bien entamé à la redescente et je m'arrête à la maison du mont blanc, il est 17h et j'affronte le vent et le grezile depuis un bon moment (j'ai de la glace sur les paupières !!).
Je cogite sur la fin de la journée et envisage une étape au refuge Elisabeta plutot que Courmayeur.
Mais en redescendant, la température remonte, la piste est sans boue, la vallée du lac combale magnifique.
Ce sera un régal à rouler jusqu'au camping où j'arrive à 17h40.
Je n'arrive pas à ouvrir mon porte monnaie ni à signer à la réception...
caravane
Je ne sais si c'est par pitié, mais j'obtiens une caravane pour moi seul ! douche/lessive car je suis en piteux état...
J'ai retenu la leçon sur la rudesse du climat montagnard... "Learn the Hard Way"
lessive
19h30 morceau de veau + frites dévorés
20h30 je m'écroule dans mon duvet sous deux couvertures...

Diaporama J1

J2 Courmayeur - Champex 46,7 kms

Mardi 17/08/2010

3708 kcal consommées au cardio au roulage
47,7 kms 65,1 km/h Vmax 8,7 km/h Vmoy
4h33 roulage 54' arrêt
118 kms au total

7h10 le réveil sonne, je reporte jusqu'à 7h30...
J'ai dormi comme un loir. La caravane est très humide au réveil avec mon linge "presque" sec.
Petit déjeuné "léger", paquetage et départ à 8h10.
Ce matin le soleil est là, ça réchauffe et la vue est dégagée (enfin !). Je descends à Entreves (sortie du tunnel du mont blanc) et attaque une longue montée "au train" dans la superbe vallée jusqu'au refuge helena aux pied du glacier à 2000m avant d'attaquer le col du grand ferret et la suisse !
vallée
tmb
Petite pause "kodak" et ravitaillement au refuge avant de s'enfiler les 500m de D+ du col.
glacier
1h10 d'ascension annoncée, 50' réalisée, mais le portage est difficile car la pente est raide.
Encore une fois, je paye les efforts de la veille (et aussi le petit dèj trop light et le repas du soir aussi)...
C'est "après" que je progresse le souffle court. Mais la vue dégagée est grandiose et il n'y a que ce col comme "grosse" difficulté au programme.
11h20 je suis enfin au col. Je prends des photos en vitesse car les nuages arrivent.
borne
ferret
face
J'enfile mon gilet coupe vent et les brassières et en avant pour une fantastique descente en suisse sur un chemin pas trop large, pas piegeux, un régal...
Le soleil revient, la température augmente avec le D-.
suisse
Je croise 2 groupes de VTTistes sur le TMB eux aussi mais en sens inverse (je ne comprends pas pourquoi gravir à vélo et descendre à pieds...d'autant plus avec leurs lourds chargements).
Descente dans la vallée par un petit sentier à flanc fort ludique (+ quelques racines). Puis remontée final sur Champex avec quelques bon portages.
champeix
13h45 fin.
La pension n'ouvre qu'à 16h et le proxi à 15h. Du coup, tagilatelles au saumon, bière et fondant au chocolat...en attendant.
J'arrive à un niveau d'effort tel que la nourriture trop légère en "sucres lents" peut handicaper la journée suivante (clairement ressenti lors de la montée du grand col Ferret). Les plaquettes av sont limites au ferrodo...
La journée dantesque d'hier laisse des séquelles sur le matos et le bonhomme (j'ai les joues creusées dans le miroir...).

Diaporama J2

J3 Champex - Chamonix 45 kms

Mercredi 18/08/2010

4100 kcal consommées au cardio au roulage
44,7 kms 58,6 km/h Vmax 7,7 km/h Vmoy
4h42 roulage 1h04 arrêt
162 kms total

7h levé tranquillou pour savourer la dernière journée avec 2 "cols" au programme. Petit déjeuné en compagnie d'une hollandaise et 2 néo zélandais.
7h50 go. Ca monte en sentier dans les cailloux jusqu'à la 1ère et seule pause mécanique : le ressort des plaquettes du frein ar est tordu donc frotte sur le disque (grosse usure des plaquettes...).
Je casse la patte tordue et prie pour avoir encore assez de plaquette devant jusqu'à chamonix... au pire, j'inverserai les plaquettes av & ar si besoin.
Ca continue de monter gentiement puis méga portage (1h) jusqu'à un peu avant bovine. 2 à 3 fois, je dois me servir d'une de mes mains pour grimper entre les blocs...
bovine
Traversée de torrents à flanc avec le vélo sur le dos, c'est velu mais c'est le pied !
Les portages sont dans les arbres, donc il y a forces racines et c'est étroit pour passer vélo sur le dos.
C'est physique, mais je serais largement récompensé dans le D-
Refuge bovine enfin, belle vue...
vue
bat
Puis enchainement sur une descente de folie sur le col de Forclaz.
Au programme c'est racines + cailloux + pente + vide... Miam miam !!
forclaz
Mais bon, je passe tout de même 2 à 3 trucs à pieds pour garder une certaine marge de sécurité. Ce sera la seule fois où j'aurais eu envie d'un petit vélo à 140mm de débattement pour pouvoir encore plus en profiter.
Je savoure le D- sur durement acquis.
Du col de Forclaz jusqu'à Trient par la route (j'ai loupé l'option VTT pourtant balisée), puis une petite route en lacet qui remonte au village des Jeurs puis la retenue d'eau juste avant la frontière.
suisse
Et finalement laisser la suisse derrière moi pour la france via une piste qui me remontera jusqu'au col des posettes (2000m).
Je remonte la piste le long du tracé de DH, puis au dessus de l'arrivée du télécabine.
posettes
13h arrivée au col, enfilage des manchettes et du gilet devant un groupe de touristes en VTT. Normalement, il n'y a plus qu'à se laisser descendre sur Chamonix.
d-
D- par une piste 4x4 car les sentiers sont interdits aux vélos (sans doute un soucis de "cohabitation" et à l'orientation DH de la station).
La seule difficulté est les rigoles qui catapultent l'ar du vélo (un petit coup de chaud suite à un catapultage avec aterrissage dans un pierrier, vive le disque av en 180...). Puis c'est un sentiers à flanc bien racineux jusqu'à Chamonix.

14h, fin de l'aventure, photo souvenir à deux pas du gîte.
chamonix

Démontage du vélo pour le charger dans la Batmobile. Les plaquettes av sont HS, donc arrêt juste à temps. Rangement des fringues et du paquetage puis douche.
frein
Courses à Chamonix et repos. J'ai fini juste avant la tombée des 1ère gouttes (et le temps va se dégrader dans l'après midi).

Le lendemain, je profiterai du ciel dégagé pour chausser mes trails et prendre le train de Montenvers (1913m), admirer la mer de glace et grimper au plan de l'aiguille (2300m) entendre craquer des glaciers pour redescendre à patte en guise de "récupération active"...
Car dimanche, m'attendent 4500m de D+ sur quelques 100kms avec un passage à 3000m, mais ça c'est une autre histoire...
mer glace
glace
kern

Diaporama J3